Tuesday 8 September 2015 to Sunday 27 September 2015
Exposition Elodie PIERRAT & Hui SHEN 2015
“La contemplation du corps de la femme doit être une réponse rassurante à l'angoisse du monde.” racontait Lucien Clergue. Et le duo Pierrat-Shen nous en donne la preuve.
Avant de rejoindre la Galerie 55Bellechasse, ces deux très jeunes artistes, de 23 et 27 ans, ne se connaissaient pas. Pourtant, il ressort de toutes ces photographies un véritable sentiment de cohésion, d’authenticité et de patience, que seul un travail à la chambre pouvait matérialiser. Quand l’une nous plonge dans les abîmes de l’amorce d’une vie, l’autre nous montre, avec un regard fragile et ébloui, l'existence humaine à la surface de ces eaux troubles.
Et si parfois les rôles s’échangent, toutes les deux continuent à nous raconter la même histoire : non pas celle de plusieurs femmes dont on saisirait successivement l’individualité mais celle de la Femme dans sa définition la plus essentielle, plongée dans un devenir que son corps lui imposerait. Un corps dans lequel elle se retrouve bien souvent prisonnière, enfermée par le regard d'autrui, un corps qui change aussi, inévitablement.
Mais ce temps qui passe n’est pas une condamnation. Au contraire, ces photos cherchent à nous rassurer, nous dévoiler les épreuves auxquelles le corps féminin est confronté. Comme un livre dont les chapitres seraient mélangés, les photos de Hui Shen et d'Elodie Pierrat évoquent ce chemin parcouru : le confort inconscient devenu paradis perdu procuré par le ventre de la mère, les balbutiements de la jeune fille en fleur, les moments de doute, d'insécurité ou parfois de confiance retrouvée...
Avec élégance, les deux artistes nous démontrent qu'il revient à chacune de trouver la manière d’appréhender son propre corps. Chez Elodie, c’est dans les racines et traumas enfouis qu’il faut replonger. Chez Hui, c’est par l’exorcisation de normes sociales très fortes qu’il faut procéder.
Dans les deux cas, c'est la conscience-même d'un chemin parcouru qui importe. Et devant l'angoisse d'une vie passée à la surface, c'est avec douceur et indulgence que ces formes photographiées, qu'elles soient ostensibles ou dissimulées, doivent être regardées.