Tuesday 24 June 2014 to Sunday 7 September 2014
Exposition No.12 Diadji DIOP 2014

PRÉFACE

Soudain, dressés sur mon côté, je remarque quatre personnages qui m’observent, fixes et immobiles. Je m’arrête net et tourne la tête vers la gauche. Dans la cour sur seine des Beaux-Arts de Paris, se tiennent face aux grilles quatre statues en terre cuite. Le sculpteur est un étudiant sénégalais arrivé en France deux ans auparavant, en 1994, et qui sera  en 2001 diplômé avec les Félicitations du jury. Depuis cette rencontre avec son travail, j’ai eu la chance de connaître et de me lier d’amitié avec Diadji, dont les statues m’ont toujours accompagné.

L’œuvre de Diadji, qui privilégie les formes réalistes, quasi-anatomiques, a évolué au fil des ans pour se concentrer, sans communautarisme, sur les rapports humains, l’identité et la filiation, la transmission, la violence ou la paix.

Né à Dakar en 1973, Diadji DIOP, qui se voyait dessinateur de BD lorsqu’il réussit à convaincre ses parents de l’envoyer étudier l’Art à Paris, va se découvrir une vocation de sculpteur. Si récemment, il m’annonçait vouloir reprendre les crayons, depuis 15 ans il n’a cessé de sculpter des œuvres toujours plus marquantes et monumentales. Diadji nous parle également dans son œuvre de sa vie, de ses questions, de ses joies et peines, de ses responsabilités de père et d’artiste engagé.

Il manie l’humour, ses doigts et la soudure avec le savoir-faire de celui qui connait l’art de la synthèse, du message fort, comme le sont les titres de ses œuvres parfois politisées et souvent médiatisées. Finalement, la force des œuvres de Diadji est qu’elles parlent à chacun et peuvent vivre d’elles-mêmes, leur rage capte l’attention, leur taille également.

Récemment à New-York, une collectionneuse d'Art Contemporain, l'américaine Peggy Cooper Cafritz, me faisait remarquer que les œuvres des Diadji DIOP, renvoyaient, selon elle, vers le spectateur, une énergie similaire à celle qu'elle avait ressenti devant les plus importants masques africains qu'elle avait eu la chance de croiser et de collectionner.

Elle me disait admirer qu'un artiste, si jeune, s'interroge avec autant de recul et d'à-propos, sur les mystères de la Vie et de la Mort; mais également sur l'absurdité d'un Monde qui s'érige des murs, quand il n'efface pas purement et simplement.

Alors que je rédige cette préface, comme il y a 17 ans, à nouveau, mon regard se tourne et les statues sont là, paisibles, gardiennes et inspiratrices de beaucoup de mes choix. Alors, je ne peux m’empêcher de me dire la chance que l’humanité a de pouvoir profiter du talent d’artistes comme Diadji DIOP, artiste dont l’œuvre est si essentielle, intemporelle et universelle.

Bertrand SCHOLLER
Novembre 2013